Le Président de la République a insisté sur ce point, avec Maurice Genevoix, ce sont ses compagnons d’armes dont il a porté la mémoire toute sa vie,  tous ceux de 14,  qui sont entrés au Panthéon en cette date anniversaire du centenaire de l’inhumation du Soldat inconnu à l’Arc de Triomphe.

Lors d’une cérémonie très émouvante  ponctuée par des extraits de son récit, tandis que des images étaient projetées sur la façade du Panthéon, six œuvres ont été inaugurées, dont l’œuvre sonore du compositeur Pascal Dusapin et les vitrines du plasticien Anselm Kiefer, qui demeureront au Panthéon.

« La République les réunit tous pour l’éternité. Ils sont là », a déclaré Emmanuel Macron lors de son hommage aux Poilus. « Aujourd’hui, nous les rassemblons tous », a ajouté le chef de l’Etat durant son discours. « Nous, Français, sommes bien vivants. Leurs sacrifices disent notre dette et nos devoirs. »

Maurice Genevoix fut élève au lycée d’Orléans, puis au lycée Lakanal, avant d’entrer à l’École normale supérieure. Mobilisé en 1914, il dut interrompre ses études pour rejoindre le front comme officier d’infanterie. Très grièvement blessé, il devait tirer de l’épreuve terrible que fut la guerre des tranchées la matière des cinq volumes de Ceux de 14 : Sous Verdun (1916), Nuits de guerre (1917), Au seuil des guitounes (1918), La Boue (1921), Les Éparges (1923), œuvre qui prit place parmi les grands témoignages de la Première Guerre mondiale.

Extrait de « Ceux de 14 » :

« Nulle violence ne me soulève, nulle houle de chagrin, nul sursaut d’indignation virile. Ce n’est même pas du désespoir, cette sécheresse du cœur dont je sens le goût à ma gorge ; de la résignation non plus… Ce n’est que cela : une froideur dure, une indifférence desséchée, pareille à une contracture de l’âme. Tombez encore, aussi longtemps que vous voudrez, les gros obus, les torpilles et les bombes ! Ecrasez, tonnez, soulevez la terre en gerbes monstrueuses ! Plus hautes encore ! Plus hautes ! Comme c’est grotesque, mon Dieu, tout ça… »

L’attention portée aux hommes vivants et combattants près de lui, dont plus d’une centaine sont précisément identifiés, donne une épaisseur humaine incomparable à ce texte. Grâce à son talent de conteur, Maurice Genevoix  qui écrivait en hommage aux millions de jeunes de son temps, continue de tenir en haleine des générations de lecteurs, c’est pourquoi il faut le faire lire  à la jeunesse d’aujourd’hui. L’émotion qu’il transmet est intacte.